Le mythe des Stradivarius

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Violon Stradivarius

Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Antonio_Stradivari#/media/File:Antonio_stradivari.jpg

Le succès des stradivarius se maintient depuis plus de 300 ans : aujourd'hui, les violons d'Antonio Stradivari bénéficient toujours de cette dimension d'excellence, constamment associée au travail de ce célèbre luthier.

Pourtant, lors d'une étude réalisée à l'aveugle, il semblerait que les violons modernes (de moins de 10 ans) recueillent la faveur les auditeurs : dès lors, le mythe des stradivarius est-il en danger ?

Le luthier Antonio Stradivari

Un élève de la maison Amati

Si les circonstances qui entourent l'enfance d'Antonio Stradivari restent relativement floues, tout le monde s’accorde à dire que l’artiste est né en 1644 à Crémone, en Italie. Dans ses jeunes années, de 1666 à 1679, il aurait été élève de Niccolo Amati, dont le grand-père, Andrea Amati, n’est pas moins que l’inventeur du violon du XVIème siècle (à partir de la viole).

Mais la seule preuve physique de cette collaboration n'existe qu’à travers une étiquette apposée comme signature à l’arrière du violon de 1667 d'Antonio, L’Ashby Strad, et sur laquelle figure cette inscription : « alumnus Amati » (« ancien élève d'Amati »). Cependant, la facture et les techniques employées sur ses premiers violons traduisent bien l’influence de la maison Amati.

À noter que le premier violon du célèbre luthier mentionne, quant à lui, « Antonius Stradivarius Cremonensis. Faciebat Anno 1666 » (« Antonio Stradivari, Crémonais, l'a fait en l'année 1666 »).

Une renommée construite à partir des années 1690

À la mort de Niccolo Amati, en 1684, Antonio Stradivari prend son envol et fait évoluer sa technique pour connaître rapidement une renommée à l'échelle mondiale. Plusieurs facteurs influencent ce succès, il décide déjà d’allonger et de rendre plus fine la caisse du violon au cours des années 1690 ; puis, en 1700, il lui offre davantage de puissance avec des voûtes plus plates. Or, comme les salles de concert s’agrandissent, cette nouvelle dimension sonore séduit de plus en plus de violonistes.

Entre 1710 et 1730, le célèbre luthier façonne ses plus belles œuvres, telles que le Viotti (1709), le Vieux temps (1710) ou le Dauphin (1714). Dans la sphère européenne, les plus grands noms viennent le solliciter directement à Crémone, dans la mesure où l’artiste voyage peu : le duc de Savoir, le duc de Modène, la famille Médicis, le roi de Sardaigne, sans oublier des musiciens comme Vivaldi.

Antonio Stradivari tiendra sa lutherie, avec l'aide de deux de ses fils, Francesco et Omobono, jusqu’à sa mort, le 18 décembre 1737, à l'âge de 93 ans.

stradivarius 2

Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Stradivarius_violin,_Palacio_Real,_Madrid.jpg

Environ 600 Stradivarius dans le monde

Un violon, symbole d’excellence

Aujourd’hui, il existe environ 600 stradivarius dispersés à travers le monde, détenus par des musiciens et quelques-uns par des musées. À noter que si l'artiste a également fabriqué des violoncelles, des altos et des guitares, il reste majoritairement reconnu pour ces violons.


La valeur de ces instruments dépasse aisément le million d’euros : d’année en année, les enchères battent des records. En 1998, le Kreutzer a été vendu 1,5 million d’euros à Maxime Vengerov ; en 2002, The Lady Tennant est parti à plus de 2 millions ; en 2006, le Hammer de 1707 s’est vendu 2,7 millions d’euros ; et en 2011, Lady Blunt a dépassé les 11 millions d’euros.1


La supériorité accordée à ces violons ne semble pas avoir été altérée avec les années. Pour Jean-Philippe Echard, conservateur des instruments à cordes frottées, au Musée de la musique, à Paris, elle « tient autant à la qualité de la lutherie (Stradivarius, mais aussi Guarnerius, Amati ou Stainer) qu'à des raisons historiographiques : au détour du 19e siècle, le mot "stradivarius" est devenu un nom commun synonyme d'excellence ».

Une qualité entourée de mystères

Depuis plus de 300 ans, le mythe du stradivarius est alimenté par les mystères entourant sa fabrication : en effet, depuis la fin du 18e siècle, de nombreuses hypothèses ont été lancées pour tenter d'expliquer comment l'artiste est parvenu à cette excellence tant convoitée. Par exemple, cela viendrait de :

  • La qualité du bois.
Le petit âge glaciaire, survenu entre 1570 et 1730, aurait eu une incidence sur la densité de la matière première utilisée par le luthier. À ce jour, cette corrélation n'a pas été scientifiquement prouvée, il ne peut expliquer le rendu acoustique du Stradivarius. Sans compter que les autres luthiers de Crémone auraient pu légitimement en bénéficier. Une autre hypothèse parle de bois trempés dans les lagunes de la ville de Venise.
  • Une maîtrise mathématique.
Le violon serait le fruit de calculs parfaits effectués par le luthier, excellent mathématicien.
  • Le vernis.

Selon Jean-Philippe Echard, « il utilise des techniques de peintre avec des pigments particuliers qui donnent cette couleur rouge très belle, chaleureuse, qui joue avec la lumière. La qualité de ce vernis est très impressionnante en ce qu'elle fait l'effet d'une illusion d'optique, un jeu de relief. L'on croirait voir apparaître des vallées, des collines au dos de l'instrument. »

Mais son analyse n’a jamais pu révéler un composant susceptible d’influencer l’acoustique, même si l’on ne peut que confirmer une certaine recherche de rendu esthétique.

À cette heure, le mystère reste entier ! Mais le mythe du Stradivarius est, aujourd’hui, contrarié par le résultat d’une récente étude, menée par des chercheurs du CNRS…

cours de violon

Un modèle détrôné par les violons modernes

Une meilleure « projection sonore » des modèles récents

Menée en 2017, entièrement à l’aveugle, cette étude a réuni 137 auditeurs, 55 dans un auditorium parisien et 82 dans une salle de concert new-yorkaise, chargés de juger 9 paires de violons en fonction de la projection du son. Une paire étant composée d’un violon moderne et d’un Stradivarius. Les concertistes jouaient dans la pénombre d’une scène avec des lunettes de soudeur sur les yeux, quand le public était séparé d’eux par un rideau acoustiquement transparent.

En moyenne, les auditeurs ont préféré la sonorité des violons récents par rapport aux instruments d'Antonio Stradivari. Un résultat qui vient corroborer ceux de deux précédentes études menées auprès de violonistes en 2010 et 2012.

L’étude révèle également que les auditeurs (dotés d’une expérience musicale ou non), tout comme les violonistes n’ont pas systématiquement su identifier les Stravidarius des modèles modernes.

L’« aura » du Stravidarius demeure

Pour Claudia Fritz, chercheuse au CNRS, « la perception auditive (mais cela vaut aussi pour la perception visuelle) ne dépend pas uniquement de ce qu'on entend, mais aussi de ce que l'on attend. Autrement dit, nos attentes, nos connaissances et nos expériences antérieures influent sur notre traitement des informations (ici auditives). C'est un phénomène qui a été largement étudié en psychologie de la perception. Il se passe quelque chose au niveau neuronal qui entraîne une réelle modification de ce que l'on entend, sans que cette modification soit basée sur une réalité acoustique ». L’« aura » dont bénéficient les Stradivarius depuis plus de 3 siècles maintient donc en vie leur mythe.

Et pourtant, les quelques exemplaires encore disponibles à ce jour ne sont plus exactement comme leurs versions d’origine. Ils ont tous subi des changements de touche ou de chevilles, ainsi que des restaurations qui en font des « objets composites, dont plusieurs parties ont été refaites par d'autres luthiers », comme le souligne Jean-Philippe Echard. Pour le conservateur, « il n'est guère étonnant que nos contemporains parviennent à fabriquer des violons qui égalent, voire "surpassent" les instruments de Stradivari »

 

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